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Anna Schneid--Corbier    
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Transition écologique : le coût des transports   

Auteur : Anna Schneid--Corbier

Note :

Enquête : ->

Pays : France

Langue : Français

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Les transports sont le premier secteur responsable d’émissions de gaz à effet de serre en France, devant l’agriculture et l’industrie, selon le rapport annuel 2023 du Haut Conseil pour le Climat (HCC). Dans ce secteur, on peut distinguer deux catégories : les transports en commun (métro, bus, tramway…), peu émetteurs en CO2 mais souvent chers et peu rentables, et les transports individuels, comme la voiture, qui sont très émetteurs, mais d’un coût souvent moins élevé pour l’utilisateur.

Évoquons tout d’abord les transports en commun du quotidien, comme le métro ou le bus. L’aspect collectif de ces transports permet une double rentabilité : à la fois économique, pour l’utilisateur qui paye moins cher, mais aussi écologique, puisque l’empreinte carbone est finalement divisée par le nombre de voyageurs. Mais ces moyens de transport ont néanmoins un coût pour les utilisateurs, et surtout pour les compagnies qui s’en occupent.
Un coût pour les utilisateurs
Le coût du métro ou du bus est souvent diminué pour les utilisateurs quotidiens grâce à des abonnements mis en place par les sociétés s’occupant de ces transports (RATP, Grand Reims Mobilités…) En France, un ticket de bus ou de métro coûte aujourd’hui 1,80 euro en moyenne. Même si les tarifs sont souvent remis en question par les usagers (38 % des Français estiment que les transports publics devraient être gratuits, selon le journal La Croix, et 60 % souhaiteraient que ces tarifs soient basés sur le statut des voyageurs), ces tarifs restent largement accessibles par rapport au coût des infrastructures. De plus, des aides financières pour les abonnements sont parfois proposées par les mairies ou par les régions, ainsi que des tarifs réduits par les sociétés de transport. Les entreprises ont aussi une obligation de prendre en charge les forfaits à hauteur de 50 %. Le forfait le plus cher de France (toutes zones Île-de-France) coûte 75,20 euros, bien en dessous du coût mensuel d’une voiture, qui comprend l’entretien et l’essence.
Cependant, ce genre de transports en commun n’est pas accessible à tous. En France, seules six villes ont un métro : Paris, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse et Rennes. Les bus et tramways sont quant à eux plus souvent présents, mais il faut habiter dans une ville pour espérer se permettre de vivre sans voiture. En France, selon La Croix et l’Union des transports publics ferroviaires, près de 30 % des Français seraient privés de transports publics.
En Île-de-France, le trafic de voyageurs pour la RATP a augmenté de 6 % au premier semestre 2023 par rapport au premier semestre 2022, pour atteindre 1,518 milliard de passagers.
Les transports en commun pour de plus longues distances sont en revanche plus chers. Le train est souvent dénoncé pour ses billets trop chers, poussant de nombreux Français à utiliser une voiture, polluant ainsi beaucoup plus, même avec des cartes de réduction (lesquelles sont de surcroît payantes). Malgré ces coûts, les Français ont adopté ce système de transport : pour le deuxième été d’affilée, un record a été battu en 2023 avec plus de 24 millions de personnes dans les trains. Un voyageur paye en moyenne 23 centimes par kilomètre parcouru, ce qui représente en réalité 25 % du coût réel du train en moyenne (allant de 10 % dans le Limousin à 35 % en Alsace).
L’avion, ô combien moins écologique, est pourtant parfois moins cher que le train. La législation limite cependant la possibilité de vols intérieurs quand le trajet en train est possible, mais à certaines conditions.
La voiture reste donc souvent plus rentable pour les trajets de longue distance.
Les coûts pour les entreprises
Si l’on prend l’exemple de la région Île-de-France, les transports en commun y sont principalement gérés par Île-de-France Mobilité, qui s’occupe de passer des contrats avec les sociétés s’occupant des infrastructures (SNCF, RATP…) En 2021, 10,506 milliards d’euros ont été consacrés au fonctionnement des transports collectifs, dont 81 % par la RATP et la SNCF. Leurs recettes sont multiples : subventions publiques, billets, publicités, contraventions… Elles permettent le paiement des salaires des employés, les réparations et innovations pour le matériel, etc. En 2023, les recettes des titres de transport représentaient 33 % des ressources de financement.
Les sociétés de transport font néanmoins face à de nombreux défis. Après un très fort ralentissement de l’activité pendant le Covid et les confinements, le niveau d’avant Covid a été retrouvé. Mais l’inflation actuelle pose des problèmes d’augmentation des coûts des matériaux, par exemple. Autres coûts supplémentaires, les grèves et les impacts des émeutes en juin 2023, pendant lesquelles des bus avaient été incendiés et détruits.
La RATP a affiché une croissance de 2,4 % de son chiffre d’affaires, qui a atteint 3,160 milliards d’euros au premier semestre 2023.
La SNCF est quant à elle en grande difficulté financière, malgré un retour à une activité normale après la crise du Covid, ce qui explique en partie les prix élevés décrits précédemment. En 2017, l’endettement de la SNCF avait atteint 55 milliards d’euros selon un rapport d’information du Sénat sur « la situation de la SNCF et ses perspectives ». Toujours selon ce rapport, les aides publiques ont dépassé les 17 milliards d’euros depuis 2015.
Un coût réparti entre l’État et les utilisateurs pour tenter de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre
Le principal objectif des Français qui privilégient les transports en commun était en 2018 pour 46 % d’entre eux la praticité (pas de stationnement, pas d’embouteillages…) contre seulement 14 % pour l’environnement - ce chiffre était de 7 % en 2015. L’enjeu écologique est pourtant l’un des avantages majeurs des transports en commun, et aussi une des raisons pour lesquelles le réseau continue d’être déployé malgré des coûts élevés. En dehors des aides pour les transports publics, l’État encourage aussi d’autres moyens de transport écologiques, comme le covoiturage par exemple avec des primes. La RATP de son côté offre deux trajets par jour en covoiturage à ses abonnés au Pass Navigo. C’est donc avec un cumul d’aides et par un travail de sensibilisation que les acteurs publics espèrent convaincre de plus en plus de Français d’utiliser ces moyens de transport, dans un but de transition écologique, mais qui peut aussi s’avérer économique pour des trajets de courte distance.

Et pour l’avenir ?
Plusieurs questions se posent. Elles sont : d’ordre économique, quand il faut tenter d’équilibrer le budget de la SNCF, par exemple ; d’ordre écologique, pour trouver de nouveaux moyens de transport toujours plus écologiques, comme le train à hydrogène, qui serait encore moins émetteur de CO2. L’accessibilité des transports en commun est un autre enjeu, puisque près de 20% de la population n’a toujours pas un accès suffisant aux transports publics, obligeant les intéressés à prendre la voiture. La remise en service de petites lignes ferroviaires qui ont été abandonnées et la réouverture de gares pourraient être des outils pertinents. La marche et le vélo sont aussi des modes de mobilité intéressants à développer, puisqu’en plus d’être écologiques, ils permettent une pratique d’activité physique et sont ainsi bénéfiques pour la santé individuelle, donc aussi un sujet de santé publique. Les pouvoirs publics l’ont bien compris, en mettant en place ces dernières années des politiques en faveur de ces deux modes de déplacement.


Mots-clés : Transports transition écologique

Contexte NEOS : Nature et environnement

Thèmes

Économie et innovation

Transports