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Louise CHARISSOUX    
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Les voitures électriques et l'environnement   

Auteur : Louise CHARISSOUX

Note :

Enquête : -> Le transport et le réchauffement climatique

Pays : France

Lieu : Paris

Langue : Français

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A la fin du XIVe siècle, les créateurs des premières automobiles ont conçu aussi bien des voitures électriques que des voitures thermiques (tirant leur énergie de la combustion du pétrole). La première voiture à atteindre les 100km/h était d’ailleurs électrique. Mais pour des questions économiques, les voitures thermiques l’ont très vite emporté. Et tout au long du XXe siècle, les voitures électriques sont restées très marginales. Mais depuis 10 ans, la nécessité de réduire fortement l’utilisation des énergies fossiles face au réchauffement climatique a fortement relancé la voiture électrique. Cependant, le bilan de la voiture électrique en termes d’émission de gaz à effet de serre (GES) est contesté par certains. Qu’en est-il exactement ?

Une voiture électrique est un véhicule qui fonctionne à l’électricité, stockée dans une batterie. Ces voitures consomment donc de l’électricité et doivent être chargées pour pouvoir rouler. Cette électricité leur permet de ne pas émettre de gaz à effet de serre en roulant, qui sont les principaux responsables du réchauffement climatique, un fléau pour notre planète. Les voitures thermiques consomment des carburants fossiles pour alimenter leur moteur. En roulant, elles émettent donc du CO2, un gaz à effet de serre.

Cependant, pour réellement limiter les effets du réchauffement climatique, il faut prendre en compte la totalité des gaz à effet de serre émis par une automobile, et pas seulement ceux qu’elle émet directement quand elle roule. On doit comptabiliser les émissions de GES suivantes:
- émissions lors de la fabrication de la voiture
- émissions à l’utilisation de la voiture
- émissions à la production de l’énergie consommée par le véhicule (production d’électricité ou extraction / raffinage / transport du pétrole)
- émissions à la destruction et au recyclage des matériaux de la voiture.
De nombreux experts ont essayé de mesurer la quantité totale de GES émise au long du cycle de vie du véhicule, ce qu’ils appellent “le calcul du puits à la roue”.

Pour la fabrication de la voiture, produire le châssis ou les pièces est équivalent pour une voiture thermique ou électrique. Par contre, la fabrication des batteries est très émettrice de GES et également très polluante. L’extraction des minéraux nécessaires (par exemple le lithium, le cobalt) est souvent faite dans des pays pauvres, avec des dégâts pour l’environnement et une exploitation humaine scandaleuse. Enfin, les gisements les plus importants découverts à ce jour ne sont pas dans les pays occidentaux, ce qui peut poser des problèmes pour l’approvisionnement dans le futur.

Pour l’utilisation, la victoire de la voiture électrique est totale. Elle est “zéro émission”, alors qu’une voiture thermique émettra toujours des GES, même avec des actions de réduction de la consommation, par exemple l’éco conduite, ou les moteurs hybrides.

La production de l’énergie consommée est le domaine ou l’émission des gaz à effet de serre est la plus compliquée à mesurer. Pour les voitures thermiques, l’extraction du pétrole, son raffinage, son transport jusqu’à la station service sont très émetteurs. Mais pour la voiture électrique, cela dépend du mode de production de l’électricité. Par exemple, en France, la production d’électricité à partir d’énergie fossile ne représente que 8,6% de la production totale. Donc en termes de GES, l’utilisation d’une voiture électrique en France est clairement favorable par rapport à un véhicule thermique. A l’inverse, la Pologne produit 73% de son électricité à partir du charbon, fortement émetteur de CO2. Dans ce cas, le bilan en GES est équivalent entre rouler en brûlant directement de pétrole ou rouler en voiture électrique en brûlant indirectement du charbon.

Pour le recyclage des matériaux à la fin de la vie de la voiture, la comparaison est difficile. Jusqu’à présent, le recyclage des batteries était compliqué, coûteux, et émetteur de GES. L’avantage était donc à la voiture thermique, dont on recycle 80% des matériaux depuis des années. Mais de grands progrès sont en cours sur le recyclage des batteries, appuyés par des obligations réglementaires dans beaucoup de pays. Il faut attendre quelques années pour faire un bilan.

En conclusion, sur le plan de l’émission des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, plusieurs rapports ont montré que la voiture électrique est globalement moins émettrice que la voiture thermique. Par exemple, le rapport de l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie) d’octobre 2022 dit qu’une voiture électrique roulant en France a un impact carbone global 2 à 3 fois inférieur à celui d’un modèle thermique équivalent.
Pour un gain réel pour l’environnement, il faut que les conditions suivantes soient remplies:
- production de l’électricité décarbonée
- utilisation importante du véhicule.
Ce dernier point peut paraître paradoxal, mais comme l’avantage de l’électrique sur le thermique est avant tout lors de l’utilisation “zéro émission”, plus une voiture électrique roule à la place d’une thermique, plus le gain est fort.
Même si en 2023, le bilan écologique de la voiture électrique est loin d’être parfait, les évolutions en cours dans une bonne partie du monde - développement des énergies renouvelables pour la production d’électricité, investissements en recherche et développement sur les batteries qui deviendront plus efficientes - fait que l’avantage de la voiture électrique par rapport au thermique ne fera que s'accroître.


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